BENI-SAF NOTRE BELLE VILLE

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Dada Bouzaria avait 130 ans

La doyenne de la ville de Béni-Saf nous a quittés

Dada Bouzaria avait 130 ans

La vénérée Rabha Bentahar ou «Dada Bouzaria» comme l’appelaient toutes ces générations d’hommes et de femmes qu’elle avait aidés à venir au monde, serait née vers 1877, en plein Djebel El-Mekadid, fief inexpugnable de la rébellion face au colonialisme. Ses obsèques ont eu lieu jeudi dernier à Sidi-Safi.C’était peut-être la doyenne du pays, aux dires de ses proches, car l’extrait du registre matrice la concernant, mentionne «âgée de 30 ans en 1907». En fait, Dada Bouzaria faisait partie d’une lignée d’êtres, qui ont toujours su garder fièrement la tête haute contre l’oppresseur colonial pour ne citer que le plus connu parmi les héros.

Tahar Bouzar, puisqu’il s’agit de lui, avait cette bravoure réputée des deux côtés de la frontière du pays, jusqu’au jour où il fut abattu, lors d’une embuscade en 1930, selon les uns, «guillotiné», affirment les autres. Un modèle qui jusqu’à nos jours sert souvent d’analogie, quand quelqu’un s’emporte et qu’il suffit pour le calmer, de lui dire: «Te prendrais-tu pour Tahar Bouzar?...» L’effet est on ne peut plus dissuasif.
Plus près de nous, un autre parent de la défunte, plus que centenaire, a donné sa vie pour que vive l’Algérie libre. Il s’agit de Bentahar Ahmed, dit Bouzarika, tombé au champ d’honneur durant la guerre de Libération. Dada Bouzaria, aux dires des nombreux enfants qu’elle a adoptés, elle qui n’avait jamais eu le bonheur d’enfanter, a vu passer par son modeste foyer de nombreux Moudjahidine, à qui elle offrait toujours le gîte, le couvert et parfois des soins. Allah l’avait aussi comblée d’un don, qu’elle consacrait à certaines femmes stériles. Une caresse sur le ventre de la patiente, accompagnée de quelques mots doux joints à une prière sortie du fond du cœur et adressée au Très Haut, contribuaient à ce que son foyer s’égaye d’un poupon. Le secret de sa longue vie, selon ses proches, relevait d’une hygiène stricte. Une alimentation frugale à base de lait et de pain maison. N’a-t-elle pas toujours accompli ses prières jusqu’à son dernier souffle? La défunte a été mise en terre ce dernier jeudi, au cimetière de Sidi-Safi, où elle a été accompagnée par une foule importante de personnes qui la vénéraient. Beaucoup regretteront que Dada n’ait pu être approchée de son vivant, elle dont la mémoire est restée vivace jusqu’à la dernière seconde, et parlait très souvent des deux grandes guerres (14/17 et 39/45), quand les jeunes Algériens partaient en imposants convois, mais ne revenaient jamais. Quant à la guerre de Libération nationale, «elle en discutait comme si c’était hier», dira le dernier de ses enfants adoptifs. Il s’agit-là du second cas de longévité exceptionnelle, que la région ait jamais connu, après celui de Benmeddah Laâredj, décédé à l’âge de 121 ans, voilà deux années au douar Tadmaya, dans la commune de Oulhaça.

Auteur: Madani Mohamed


24/06/2007
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